Nous arrivons à Quito, capitale de l’Équateur.

Avec sa cathédrale, ses grandes places, ses rues qui montent et qui descendent dans tous les sens et ses beaux bâtiments anciens, Quito est une capitale charmante. Jolie même. Et pourtant, nous nous lassons très vite. À chaque fois que nous arrivons dans une grande ville, c’est la même chose : on est contents d’être là mais déjà on a envie de repartir… On préfère les villes plus petites, plus intimes. Des lieux d’où l’on peut rayonner ou s’échapper plus facilement.

Alors après 2 jours à peine, on remet les voiles! Nous partons pour Otavalo, une petite ville tout au Nord du pays. Nous grimpons dans un bus. Nous roulons tranquillement quand, tout à coup, maman se lève et crie au chauffeur:

– Por favor senor, nos vamos a bajar aqui!

– Aqui? Dit Jules.

– Ici?! Dit Lou.

– Oui, ici! Répond maman

– Mais on est en pleine campagne maman, au milieu de rien!

– Non, les enfants, ici, précisément, nous sommes au milieu de tout!

Maman nous guide pendant quelques dizaines de mètres et soudain s’écrie:

– Là!!! Ne bougez plus les enfants! Vous y êtes! Vous êtes sur la ligne de l’Équateur!

– Ohh… Wahouuuu

Le site s’appelle Quitsato (Quitsa = moitié, To = monde, en langue Tsafiqui).
Un monsieur adorable nous accueille chaleureusement et nous raconte avec passion la théorie de son mentor Cristóbal Cobo qui se propose de présenter les cartes géographiques de manière différente. Nous apprenons d’abord que le sens du mot Nord provient de l’unité linguistique ner- qui signifie gauche et que pour s’orienter correctement il serait donc plus logique de s’aligner avec l’Orient (Est) et de garder le Nord à sa gauche. En effet, la rotation de la Terre se fait sur un axe horizontal plutôt que vertical comme le laisse penser les globes terrestres que nous utilisons pour enseigner la géographie.

Selon Cristóbal Cobo, le Nord n’est donc plus en haut du globe et le Sud en dessous mais le Nord à gauche et le Sud à droite. Vous suivez?! Cela ne change rien à notre utilisation quotidienne d’une carte mais cela nous permet d’avoir une représentation globale plus juste, plus en accord avec la réalité. Il n’y aurait donc pas les pays d’en haut et les pays d’en bas, ni de Nord supérieur et de Sud inférieur… Cela nous plaît assez!

En tout cas, nous, après cette visite, nous ne dirons plus : nous descendons dans le Sud pour les vacances!…

Nous reprenons un bus et arrivons à Otavalo une heure plus tard, encore tout émerveillés d’avoir franchi la ligne de l’Équateur d’un seul bond. La dernière fois, c’était en Indonésie, mais nous n’y avions même pas fait attention. Après presque 4 mois dans l’hémisphère Sud, nous voilà à nouveau dans l’hémisphère Nord ! (dans la partie gauche du globe, donc !).

Otavalo est une jolie petite ville, paisible. C’est la première fois depuis que nous sommes en Équateur que nous arrivons dans un endroit où les traditions sont encore aussi fortes et visibles. Ici, femmes et hommes portent les cheveux longs et tressés. Les femmes portent aussi toutes de longues jupes droites, des bustiers en coton fleuris et des colliers de perles dorées. Regarde papa, elles sont vraiment belles les dames ici….

Nous nous installons dans un hostal correct. Nous interrogeons le gentil propriétaire sur les randos et balades à faire autour de la ville. Il nous suggère une superbe balade pour rejoindre une superbe cascade et qui passe par le superbe parc des condors… Peut-être un peu trop de superbes pour être vrai…non? Gagné. La balade est décevante: peu de panoramas, zéro rencontres et une horde de chiens terrifiants.

On a presque envie de rebrousser chemin mais on se motive et on se promet d’arriver au moins jusqu’au Parc des Condors. Et nous y arrivons. D’abord sur nos gardes, nous sommes finalement ravis d’explorer le parc.

Les oiseaux que nous découvrons sont magnifiques: des chouettes, des hiboux, des aigles et bien sûr des condors. Mais les oiseaux présentés aux visiteurs sont finalement peu nombreux. Ils ne constituent en fait que la partie visible de l’activité du Parc. La partie qui lui permet d’attirer les visiteurs et de faire rentrer les fonds nécessaires au financement de son autre activité: un centre de réhabilitation pour les aigles et oiseaux de la région. En coulisse, loin des regards, les spécialistes du parc prennent soin de presque 150 oiseaux blessés ou malades. Mais ces oiseaux là, on ne peut pas les voir, jamais, car cela pourrait nuire considérablement à l’objectif premier des soigneurs: la réintégration des animaux dans leur habitat naturel. Beau parc, beau projet. Bravo!

Le lendemain, c’est jour de marché à Otavalo. Nous sommes ravis d’aller l’explorer, surtout la partie réservée aux animaux. Ici, on trouve des bœufs, des chevaux, des lapins, des poulets et beaucoup, beaucoup de cochons! Curieux, nous nous renseignons un peu sur le prix des bêtes. Le bébé cochon c’est 20$, la maman cochon c’est 50$ et le veau, 80$. Il y a aussi beaucoup de cochons d’Indes. Oh, regarde maman, ils sont trop mignons! Oui, ils sont mignons, sauf qu’ici, on ne les achète pas pour en faire des animaux de compagnie…

Otavalo nous plaît sans pour autant combler nos appétits de voyageurs en quête d’aventure, de rencontres et d’authenticité.

Il semblerait que l’Équateur ne veuille pas nous livrer ses secrets…

Peut-être commençons nous à fatiguer un peu, peut-être sommes nous devenus trop exigeants… Nous décidons de lui donner rendez-vous dans un prochain voyage et de continuer notre route vers une destination surprise, un pays où nous n’avions absolument pas prévu d’aller…