Le Machu Pichu est sans nul doute le site historique le plus connu du Pérou, et peut-être même de toute l’Amérique du Sud. Souvent nous avons, sur les routes et dans nos vies, croisé des gens qui nous disaient: Un jour, j’irai au Machu Pichu !

La célèbre Cité Inca a toujours habité les rêves des voyageurs… Mais pourquoi un tel succès?

Peut-être d’abord, à cause du temps que nous avons mis à la découvrir. Édifiée au XVe siècle et abandonnée lors de l’effondrement de l’Empire, la cité n’a jamais été atteinte par les conquistadors espagnols. Ce n’est qu’en 1911 que cet ensemble architectural quasiment intact a été redécouvert et révélé au monde.

Peut-être aussi parce ce que le Machu Picchu a probablement été la création urbaine la plus stupéfiante de l’Empire inca à son apogée: murailles, terrasses et rampes gigantesques sculptent les escarpements rocheux dont elles paraissent le prolongement. C’est l’Unesco qui le dit: le site est classé au Patrimoine mondial depuis 1983.

Et enfin, peut être aussi parce qu’elle est difficile à atteindre…

Depuis Cusco, il existe 4 façons de rejoindre le Machu Pichu.

La première, et la plus célèbre, est de réaliser le légendaire Treck de l’Inca. Une marche organisée de 4 jours à travers des paysages somptueux pour atteindre la Cité au lever du soleil. Alléchant dit comme ça, mais nettement moins quand on se penche sur le prix: une fortune! Et puis il faut réserver des mois à l’avance et porter un tee-shirt violet pour qu’on ne puisse pas vous perdre. Deux détails de taille qui nous convaincrons qu’il ne s’agit pas pour nous de la bonne option.

Les 3 autres options ne sont pas non plus très attirantes:

1 – Depuis Cusco, prendre un bus pendant 7 heures jusqu’à Hydroelectrica et marcher environ 3 heures jusqu’à la petite ville enclavée de Aguas Calientes, qui se trouve tout près du Machu.

2 – De Cusco, rejoindre la ville de Ollantaytambo à 3h30 de bus et marcher le long de la voie férée jusqu’à Aguas Calientes. Distance: 35 kms, Temps: 7 heures de marche.

3 – De Cusco, rejoindre la ville de Ollantaytambo à 3h30 de bus puis prendre un train très touristique et très cher pendant 1h pour rejoindre Aguas Calientes.

Devinez ce que nous choisissons?

Raté !!!

Avez-vous cru qu’après tant d’exploits et d’aventures nous étions devenus des supers héros?!

Et bien non! Il y a des fois, aussi, où nous manquons de courage et d’énergie! La perspective de prendre le bus ou de marcher pendant des heures et des heures juste avant l’ascension du Machu Pichu ne nous séduit que très peu. On veut garder toutes nos forces pour le meilleur. C’est décidé, nous prendrons le train!

Nous faisons donc d’abord une escale à Ollantaytambo, un village de la Vallée Sacrée qui présente de formidables vestiges de l’architecture urbaine inca. Il y a aussi les ruines d’un très beau temple dans la partie haute du village. Nous n’avons pas assez de temps pour grimper jusqu’au ruines alors nous flânons dans les petites ruelles escarpées où nous admirons les murs et les maisons construites en pierres colossales. Nous rencontrons aussi une dame adorable qui fabrique des écharpes, des nappes et des sacs en laine de lama avec un petit métier à tisser artisanal. Les enfants l’observent avec attention, ébahis par la vitesse avec laquelle elle manipule les fils multicolores. Elle leur explique qu’elle a commencé à tisser à leur âge et que c’est elle qui teint sa laine grâce aux plantes qu’elle trouve dans les montagnes…

Nous continuons à nous balader quand, soudain, nous tombons nez à nez avec un Inca! Couronne, piastre, ceinturon et sandales dorées, il a vraiment toute la panoplie! Un rusé qui a soigné sa présentation et son allure pour séduire les touristes de passage. Et bien, ça tombe bien, nous sommes là! Les enfants, intimidés par la prestance du personnage, prennent sagement la pose tout en restant sur leur gardes.

Il est quand même impressionnant ce monsieur, non?

 Mais l’heure tourne et le train nous attend déjà à la petite gare.

Le wagon est très confortable. Un toit panoramique en verre permet aux voyageurs d’admirer pleinement le paysage tout en sirotant une boisson fraîche. Holala, c’est trop luxe ce train maman!

Nous avons à peine le temps de nous habituer à ce nouveau confort haut de gamme que le train arrive déjà à destination. L’aventure reprend ses droits… Nos sacs usés sur le dos, nous partons à la recherche d’un hôtel. Une fois installés, nous partons un peu explorer la ville d’Aguas Calientes mais très vite, nous rentrons nous coucher, impatients de commencer la grande journée qui nous attend le lendemain.

Lever: 7h du matin. Et oui, contrairement à la majorité des visiteurs, nous décidons de ne pas nous réveiller en pleine nuit pour aller admirer le lever du soleil sur le Machu Pichu. De toute façon, on nous annonce une matinée nuageuse.

Départ: 7h30. Ça y est, nous nous mettons en route. Pour rejoindre l’entrée du site, un bus fait la navette en 15 minutes. Mais comme nous sommes quand même un peu des supers-héros, on décide d’y aller en marchant. Deux heures de montée sur un escalier inca en pierre à travers les montagnes (1 heure pour les vrais marcheurs!). Il fait chaud et humide. On transpire comme des fous mais qu’est-ce que nous sommes fiers de nous quand, enfin, nous atteignons l’entrée du site.

Entrée sur le site: 9h30. Allez, encore quelques mètres et nous pourrons toucher du doigt un rêve dont nous avons si souvent parlé. 3… 2… 1… Taintain!!

Et puis, plus un mot. Personne. Pendant quelques secondes.

Le Cité Inca, nichée au cœur des montagnes, se dresse devant nous, éblouissante.

Mais Lou nous tire le bras: Allez! Vous venez? On continue?!

Ah oui, c’est vrai, la suite! Au programme: l’ascension de la Montaña. Le Machu Pichu est pris en étau entre deux pics: le Wayna Pichu et la Montaña. L’ascension de ces 2 montagnes offre aux plus courageux une vue hallucinante sur la vallée et sur le Machu Pichu. Le Wayna Pichu étant actuellement fermé au public pour entretien du sentier, nous fonçons défier la Montaña.

Début de l’ascension: 10h3O. Holala, ça grimpe sec! Vraiment très très sec. Les visages rougis et les jambes tremblotantes des visiteurs qui redescendent nous laissent imaginer la difficulté de la balade. Notre gros avantage: nous sommes déjà échauffés! Les enfants galopent sur le sentier escarpé à plus de 3000 mètres d’altitude. Au bout d’une heure, on commence tout de même à fatiguer! Le soleil se met à chauffer très fort et nous n’avons toujours pas atteint le sommet. Tout à coup, le pied de maman se réveille et la douleur lui somme de s’arrêter. Papa et les enfants continuent, épuisés mais motivés à bloc. On va y arriver! Et la victoire est toujours plus délicieuse quand il faut se battre pour l’atteindre. La vue d’en haut est vraiment belle: la chaîne de montagne immense, et au milieu, le Machu Pichu, tout riquiqui. Magnifique!!!

Fin de l’ascension: 13h30. Les enfants redescendent beaucoup plus facilement qu’ils ne sont montés. Nous rejoignons le cœur du site et là, à notre grande surprise: personne! Les ruines sont quasiment désertes. Retenez bien ce petit dicton si vous allez un jour au Machu Pichu: Si vous voulez mieux en profiter, rien ne sert de se presser! Et oui, à partir de 12h30/13h, tous les touristes qui sont arrivés aux aurores commencent à fatiguer et surtout à avoir faim. La grande majorité repart, laissant le site aux quelques obstinés qui restent: c’est à dire NOUS!

Maman, Papa, regardez, on est presque tout seuls!

Pendant plus de 2 heures nous explorons la cité perdue dans tous ses coins et recoins. Nous sommes très impressionnés par le Temples des Trois Fenêtres et toutes les constructions en pierre massives du site. Mais comment les incas ont-ils réussi à déplacer ces colosses? Les enfants se perdent avec bonheur dans le dédale de ruines, courent après les lamas sur l’herbe fluorescente, grimpent sur les terrasses en escaliers et contemplent la vallée en se disant que les incas avaient bien de la chance de vivre dans un tel endroit.

La journée se termine… :16h30. Nous nous dirigeons lentement vers la sortie sans jamais cesser de nous retourner… On regarde le Machu Pichu, encore et encore, dans l’espoir de saisir un dernier détail, une dernière image…

Parce que nous voulons profiter jusqu’au dernier instant de ce rêve de voyageurs…